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L’ATELIER D’INGRES.

Alors c’est autre chose… Eh bien ! oui, ce n’est pas cela… C’est de l’habileté, et voilà tout… pas de style, pas de caractère ; eh bien ! oui, c’est mauvais… Ah ! c’est comme ça !… Alors je vais vous dire ce que je pense. Il faut que vous oubliiez tout ce que vous savez, que vous commenciez par le commencement. Vous pourriez, avec votre talent, vous en tirer sans moi, vous auriez même une fortune dans la main… Mais puisque vous regardez plus loin et plus haut que cela… bon courage… car tout est à refaire. »

Depuis ce jour, Sturler a si bien suivi les conseils de M. Ingres, qu’il est arrivé à la naïveté des maîtres primitifs et n’a plus voulu se servir de modèles, dans la crainte d’être trop vrai. Aussi M. Ingres lui disait–il quelque temps après cette scène : « Je vous ai dit d’en prendre long comme ça, » — et il indiquait son doigt ; puis montrant son bras tout entier : « Vous en avez pris long comme ça. »

Malgré tout, c’est un artiste qui aura vécu trop ignoré malheureusement, mais qui ne peut manquer d’avoir son, jour. Ses compositions innombrables resteront, malgré leur exécution primitive, comme des œuvres très-remarquables. Le Dante illustré par lui est aux Dante modernes ce qu’est une fresque de Giotto à une gravure de keepsake.