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OUVERTURE DE L’ATELIER.

guère donné que l’indépendance du cœur, comme disait Roqueplan ; mais je ne trouve plus ce respect, ce recueillement quand le maître parle, cette émotion lorsqu’il vous prend à partie. Pour moi, et nous étions tous, je crois, ainsi, lorsque je sentais M. Ingres me frôler de son vêtement en se baissant pour examiner mon dessin, lorsque je pensais à la condescendance de cet homme, de ce grand artiste s’occupant d’un mauvais contour mis par moi sur du papier, je l’avoue, dussé–je faire rire mes jeunes confrères, j’étais pris d’une si violente émotion que tout mon sang se portait à mon cœur, qu’on entendait battre, et il m’aurait été impossible de cacher ce que j’éprouvais, si cette position eût dû se prolonger.

Je veux croire pourtant que ces sentiments de respect et d’admiration se rencontrent encore chez beaucoup de jeunes gens. Je crains seulement qu’ils ne soient plus rares, et malheureusement je ne suis pas le seul à constater la différence notable des rapports qui existaient autrefois, et de ceux qui existent aujourd’hui, entre le maître et l’élève.

Cependant les camarades nous arrivaient en assez grand nombre, et c’est alors que nous dûmes changer d’atelier.

Avant de parler de ces nouveaux venus, dont