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L’ATELIER D’INGRES.

de la ville, mourut et lui laissa cette maison toute montée et fort grandement achalandée. La chose était tentante. Il n’y résista pas, et je dirai plus tard comment, à quarante ans de distance, je le retrouvai chez lui, un peu goutteux, mais toujours gai et aimable, et la gracieuse réception qu’il me fit à Bruxelles.

Les deux Allemands étaient fort peu sociables, et je me rappelle même un commencement de dispute avec le Brésilien, qui se nommait Mello, très-charmant et très-beau, et dont l’allure était un peu nonchalante, comme celle des créoles. Je conservai avec lui jusqu’à son départ de bonnes et amicales relations. Qu’est-il devenu depuis ? A–t–il continué la peinture ? Je l’ignore, et n’ai plus entendu parler de lui depuis cette époque bien éloignée.

Nous dessinions tous, les uns d’après des gravures, les autres d’après la bosse.

Ces premiers moments m’ont laissé une impression si vive, que je me vois encore devant un nez et une bouche en plâtre, et M. Ingres derrière moi, se courbant pour me corriger et s’appuyant un peu sur mon épaule.

Je ne sais si ce que je vais dire sera bien compris des jeunes élèves actuels, car il me semble que l’indépendance et l’égalité, si généralement prêchées à l’heure qu’il est, ne leur ont