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L’ATELIER D’INGRES.

gres est devenu pour beaucoup de gens le type de la pureté classique : oui, si l’on applique la dénomination de classiques aux artistes du quinzième et du seizième siècle ; non, si on la restreint, comme beaucoup le faisaient à cette époque, à l’école seule de David, dont M. Ingres répudia toute sa vie les principes. Cela est si vrai, que les premiers admirateurs de M. Ingres furent les Géricault, les Delacroix, toute cette nouvelle école qui voulait secouer le joug de l’Institut, et qui saluait un maître en M. Ingres, comprenant qu’elle pourrait vaincre avec un tel homme.

Plus tard, quand la cause fut gagnée, il y eut une scission, qui dégénéra en lutte entre les dessinateurs et les coloristes, et c’est aux coloristes que fut donné le nom de romantiques. Mais je maintiens qu’il faut prendre ce mouvement de plus haut et de plus loin.

Je ne dirai donc pas que M. Ingres ait été romantique ; mais ce que j’affirme, c’est qu’il n’a jamais été classique dans le sens qu’on prêtait à ce terme ; la seule expression qui lui convienne est l’expression toute récente de réaliste. J’ajouterai qu’il a été réaliste à la manière de Masaccio, de Michel-Ange, de Raphaël.

M. Ingres fit non-seulement le premier la révolution dont je parle, mais il eut, avant tous les