Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/269

Cette page a été validée par deux contributeurs.
262
L’ATELIER D’INGRES

Voilà le travail qui se fait dans le sein de l’Académie ; mais, avant qu’elle se livre à cette opération, c’est-à-dire aussitôt après l’envoi de sa lettre, le candidat a dû passer par toutes les péripéties d’une odyssée en fiacre, que j’ai faite, hélas ! et dont je n’ai oublié aucune particularité.

Je dus me rendre, selon la coutume, chez tous les académiciens dont je sollicitais le suffrage, et le récit de quelques-unes de ces visites pourra amener des réflexions que je soumettrai humblement à qui de droit.

Cravaté de blanc dès la première heure, car plusieurs académiciens ne sont visibles que le matin, je commençai avec une vive émotion un métier tout nouveau pour moi, et qui d’abord me parut très-embarrassant.

Ma première visite fut pour M. Picot, qui me reçut à merveille. Je n’étais pas un inconnu pour lui ; nous nous étions rencontrés souvent à l’Arsenal, chez Nodier, et je dois dire que je ne pus m’empêcher de me rappeler, en me trouvant en face de lui, après bien des années, la spirituelle plaisanterie qu’il fit un soir et dont je fus témoin.

On donnait un bal costumé à l’Arsenal, et le costume était de rigueur.

M. Picot, malgré la défense, arriva en habit