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L’ATELIER D’INGRES.

Au lieu de cette corvée fatigante et mal faite, ne serait-il pas possible d’établir ce que je nommerai un jury à domicile ?

Je m’explique.

Il est convenu qu’on est maître peintre quand on a reçu la croix de la Légion d’honneur, ou, si l’on veut même, les trois médailles du Salon.

Les artistes qui se trouvent dans ces conditions-là auraient le droit de présenter à l’Exposition un nombre limité de tableaux qui leur auraient été soumis, et auxquels ils auraient, pour ainsi dire, donné l’estampille.

Tous les jeunes gens ont un professeur, ou à peu près ; à défaut de professeur, ils ont du moins pour quelque célébrité une admiration plus prononcée. Ceux donc qui ne seraient qu’élèves de la nature iraient s’adresser à l’homme qu’ils admirent ; les autres, à leur professeur.

Là, le maître, usant de son droit et de son autorité, accorderait ou refuserait le visa nécessaire pour l’admission. Il pourrait, en tête-à-tête, donner ses raisons, expliquer son refus, et se montrerait d’autant plus juste et plus sévère que sa responsabilité serait en jeu, car le livret du Salon, au lieu d’indiquer le nom du professeur, ainsi que cela se fait, porterait cette formule :

M. X…, présenté par M. X…

Il est bien entendu que, si le tableau est de trop