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XXIV

COPIE D’UN PORTRAIT.


Qu’il me soit permis de dire comment je fus chargé de faire la copie du portrait de M. Bertin ; je pourrai satisfaire ainsi mon désir de raconter un trait d’affectueuse bonté de M. Bertin à mon égard, et remplir auprès de toute sa famille un devoir de gratitude pour les témoignages d’amitié que j’en ai reçus.

J’avais toujours remarqué l’intérêt que M. Bertin prenait à mes travaux et à mon avenir. Un jour que je me promenais avec lui dans son beau parc des Roches, il me dit à brûle-pourpoint :

« Mon cher ami, je ne suis pas aussi riche qu’on le croit ; mais je veux me passer une fantaisie : je veux avoir une peinture de vous. J’ai là une somme de… à votre disposition ; cela paiera votre modèle — une étude, une tête, n’importe quoi. Je voudrais vous offrir plus que cela ; mais nous ne sommes plus au temps où je commandais l’Atala à Girodet. »