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L’ATELIER D’INGRES

l’entendre formuler, en termes presque identiques à ceux que j’avais employés, son admiration pour cet ouvrage. C’était aussi à son retour de Rome qu’il l’avait vu.

« Je ne sais pas, dit-il, s’il y a un plus beau portrait que celui-là en Italie. »

Je me souviens aussi que, le même jour, il parla dans les termes les plus élogieux, et même avec admiration, d’un portrait de Marie-Louise par Gérard[1].

Enfin, nous arrivâmes à Paris, et chacun de nous, naturellement, tira de son côté.

Cette vie intime que nous avions menée à Florence, où chaque jour on pouvait se retrouver, grâce à l’espace restreint dans lequel nous circulions, cette vie charmante ne pouvait se continuer à Paris, où l’on passe des jours, des mois, des années sans se voir, chacun ayant ses affaires, ses plaisirs, son monde. L’intimité vraie de tous les jours est bien rare, et est interrompue à chaque instant par des devoirs de famille ou de société.

Il en fut de M. Ingres comme de mes amis, lorsqu’après les six années de son séjour à Rome, il revint à Paris. Je n’eus plus l’occasion de le voir que de loin en loin, dans ma famille ou chez des amis, entre autres chez les Bertin. Il

  1. J’ignore où il l’avait vu.