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L’ATELIER D’INGRES.

qui me tombe sur la tête, au moment où mon pays commence à m’apprécier ?… Je ne me suis pas fait illusion, mon cher ami ; c’est un exil… Ils m’ont renvoyé, et ce sont mes confrères de l’Institut qui ont fait le coup… Ils avaient peur… et ils avaient raison… Je sais bien que mon Saint-Symphorien n’a pas eu le succès que j’espérais… Il a été mieux que cela… Je l’ai gâté… Mais enfin ! le voir comparé… qu’est-ce que je dis ?… le voir mettre au-dessous d’un tableau que je ne veux pas nommer !… Enfin !… une vignette anglaise… Je ne dis pas le nom… j’estime l’auteur, c’est un homme de talent… c’est un très-galant homme. Je ne le nomme pas… mais enfin !…

« Du reste, j’ai pris mon parti de toutes ces misères. — J’attends, car je crois que ceux qui viendront après nous, me replaceront à ma vraie place… bien au-dessous, c’est vrai, des sublimes artistes qui nous entourent… au-dessus de mes chers contemporains. »

Il prononça ces derniers mots en se passant la main sur la figure, probablement pour essuyer une larme, et se remit, selon son habitude, à tapoter vivement ses genoux de ses deux mains.

Ce petit discours, prononcé d’une façon saccadée et émue, m’impressionna vivement.