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MAÎTRES ET ÉLÈVES.

Ces discours augmentaient encore la crainte que nous avions de lui montrer nos essais.

Franck continua ainsi sur ce ton pendant quelques instants ; peut-être en racontait-il plus que n’en avait dit M. Ingres, et le rapportait-il autrement ; mais, dans tous les cas, il fit si bien que nous décidâmes, Sturler et moi, que nous n’irions pas rendre visite à M. Ingres.

Je ne veux pas m’étendre sur les torts que M. Ingres eut dans cette occasion, surtout à mon égard, et je ne me sens pas la force d’accuser un homme que la passion entraînait souvent, mais qui n’aurait pas été peut-être ce qu’il fut, sans cette passion même ; d’ailleurs, les regrets qu’il me témoigna, mais surtout mon admiration pour l’artiste, et ma reconnaissance pour le maître, m’ont fait depuis longtemps tout oublier.

Je n’entrerai donc pas dans les détails d’une affaire que je n’ai rappelée que parce qu’elle amena une scène fort curieuse, où M. Ingres fut avec moi plus expansif que jamais.

J’ai dit que nous avions pris la résolution d’é-


    m’ont dit plusieurs de ses contemporains, il s’enthousiasma en arrivant en Italie pour les maîtres primitifs, s’arrêta à Pise, fit des croquis au Campo-Santo, entre autres, d’après le Christ de Giotto, près de la porte d’entrée, et disait : — « C’est à genoux qu’il faudrait copier ces hommes-là. »