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L’ATELIER D’INGRES.

prendre ce mot arraché à M. Ingres dans une discussion qui eut lieu en ma présence :

« Les Grecs, Monsieur, les Grecs ! Raphaël lui-même pâlit à côté d’eux. »

Cependant la chaleur devenait excessive : nos journées passées dans ces petites chambres dont le pavé de mosaïque nous brûlait les pieds, n’étaient plus supportables, notre travail s’en ressentait, et nous fûmes, à regret, forcés de reprendre le chemin de Rome, pour aller à Florence pendant les grandes chaleurs de l’été.

C’était à la fin du mois de juin. La Rome que je vis alors ne ressemblait en rien à la ville que j’avais vue quelques mois avant, et je pus en comprendre toute la grandeur et tout le caractère imposant. Ce n’était plus la ville d’étrangers et de touristes, que ses rues sillonnées d’innombrables familles d’Anglais, et que ses voitures de louage et ses fiacres faisaient ressembler aux plus affreux quartiers de Paris. En été, Rome prend l’aspect d’une ville inhabitée : plus une âme dans les rues, dont le pavé reflète un soleil ardent ; toutes les boutiques fermées pendant la grande chaleur du jour, et seulement, de loin en loin, quelques riches équipages de cardinaux ou de monsignors, que tirent lourdement de beaux chevaux noirs à tous crins, la tête empanachée