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L’ATELIER D’INGRES.

que ce que j’avais devant les yeux, et je passais le lendemain à une autre admiration, qui ne devait pas être la dernière.

Quand mon esprit fut un peu calmé, quand je pus commencer à faire un choix dans mes admirations, ma jeunesse peut-être m’entraîna vers ce qui était jeune. La naïveté, la grâce me touchèrent plus que le reste. Mon premier voyage fut donc livré au culte des primitifs, avec Beato Angelico pour dieu.

Lorsque je revins en Italie, dix ans plus tard, je compris mieux les hommes du seizième siècle, dont le style, au premier aspect, m’avait semblé contourné et sans vraie grandeur. Je trouvais, je l’avoue avec une sincérité qui a son mérite, plus de caractère dans le dessin de M. Ingres, et, à défaut d’idéal des deux côtés, une personnalité plus accentuée chez mon maître.

Mais aussi quelle part ne faut-il pas faire aux circonstances dans lesquelles on se trouve, à la saison, au ciel pur ou sombre, que sais-je ? Autrement, comment expliquer des impressions si diamétralement opposées devant une chose belle, reconnue telle par tous ?

Comment suis-je resté presque froid, dans mon dernier voyage, devant le Joueur de violon, et n’ai-je plus senti ces battements de cœur qu’il m’avait toujours fait éprouver ? Pourquoi la voûte