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L’ATELIER D’INGRES.

comme nature, rentrant à l’étable par un soleil couchant, plus rouge et plus éclatant que l’astre lui-même. Je suis convaincu que ce voisinage nuisit beaucoup à l’aspect premier du tableau ; mais l’œil s’y habitua, et on commença à juger.

Quand je rencontrerai M. Ingres à Florence, je dirai ses impressions, à lui, sur son insuccès au point de vue populaire, et je citerai ses paroles mêmes, dont j’ai conservé le plus exact souvenir.

Ce fut à ce salon que j’exposai pour la seconde fois. Quelques plaisanteries amusantes que m’attira mon Berger grec, et surtout les rapports que ce tableau établit entre un des hommes les plus distingués de l’époque et moi, me feront excuser si je parle de cette étude.

J’avais été frappé, dans mon voyage en Grèce, de l’admiration que conservent en général les habitants de ce pays pour les œuvres d’art de l’antiquité. Un jour, un de nos guides, en me montrant une énorme pierre tombée d’un temple, me dit dans un langage mêlé d’italien, de grec, et surtout de gestes : « Ah ! Signor, nos pères étaient des hommes, eux ! Voyez cette pierre (et il faisait le geste de la prendre d’une main) ; ils la soulevaient ainsi et la mettaient à sa place. — Nous ! (avec un air de mépris) nous