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L’EXPOSITION DE 1834.

salon carré, était encombrée par la foule qu’attirait l’œuvre de Delaroche.

Le Saint Symphorien, placé au milieu du panneau de face, avait devant lui un espace plus grand pour des admirateurs moins nombreux, mais dont l’attitude menaçante éloignait bon nombre de bourgeois qui eussent voulu en approcher. L’aspect du tableau parut terne ; il me sembla même, à moi, qu’une légère gaze le recouvrait. On aura peine à croire ce que je dis en le voyant à l’heure qu’il est, tel qu’il a reparu avec ses tons chauds et colorés, à la dernière exposition de l’École des Beaux-Arts.

Il faut dire que M. Ingres n’avait plus, lorsqu’il l’exposa pour la première fois, son ami Forbin pour lui faire les honneurs du Salon. La révolution de 1830 avait commencé à introduire ce régime d’égalité, ridicule toujours, mais insensé dans les arts. Raphaël, comme les autres, aurait passé sous le niveau que tenait dans sa main le directeur des Musées. Aussi, par suite de ce classement, subordonné surtout à la dimension du tableau, l’entourage du Saint Symphorien semblait avoir été choisi pour lui donner cet aspect terne et effacé.

On avait placé à côté le Saint Georges de Ziegler dont j’ai parlé, et qui m’avait aveuglé à son atelier ; au-dessus, quatre ou cinq vaches grandes