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LE PLAFOND D’HOMÈRE.

Quant aux théories violentes et exclusives de M. Ingres, on pourrait leur opposer celles de Delacroix, qui, moins conséquent, mettait au-dessus de tout les Grecs et Racine, et n’admettait en musique que Mozart et Beethoven. Me trouvant un jour près de lui au Conservatoire, où l’on jouait du Berlioz, il ne put contenir son indignation :

« Cet homme, me dit-il, ne sait pas se renfermer dans son cadre. Voyez Beethoven, s’il en sort jamais. Quelle mesure ! Ici, du bruit, qu’ils appellent de la sonorité, c’est leur mot. »

Et comme il lisait peut-être un peu d’étonnement sur ma figure :

« Oh ! je sais, on me compare souvent à lui ; mais…

Je n’ai mérité
Ni cet excès d’honneur, ni cette indignité.

Toutes les sorties, quelquefois violentes, de ces hommes de talent ne doivent pas être jugées avec trop de légèreté ; il faut faire la part de la sensibilité excessive de leurs nerfs, des motifs qui agissent sur eux à certains moments.

Je n’ai pas toujours vu Delacroix si enthousiaste d’Ingres, et j’ai entendu souvent ce dernier mettre le talent de Delacroix à part et n’attaquer que sa tendance.