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LE PLAFOND D’HOMÈRE.

Je n’ai pas besoin d’insister sur le ton dont cette phrase fut dite.

Le public fut, comme le roi, fort indifférent à ce chef-d’œuvre ; il regardait les vitrines, les dorures, levant de temps en temps le nez d’un air fatigué. Quelques artistes seuls, entassés dans le petit coin d’où il était possible de voir l’œuvre de M. Ingres, échangeaient entre eux des expressions d’admiration et d’étonnement.

Plus tard, lorsque je revins d’Italie, je me trouvai dans cette salle avec Édouard Bertin. Ary Scheffer vint nous y rejoindre, et, après quelques instants de contemplation, s’adressant à Bertin :

« Vous qui avez vu l’Italie (Scheffer n’y est jamais allé), dites-moi s’il y a quelque chose d’aussi beau que cela.

— D’aussi beau peut-être, lui répondit Bertin, mais de plus beau… je n’oserais pas le dire. »

On racontait aussi, quand ces salles furent livrées au public, que Delacroix fut si vivement impressionné à la vue du plafond d’Homère, qu’il se fit ouvrir bon gré mal gré la grande galerie, et alla passer une heure devant les Rubens, pour se retremper, disait-il. Il m’a dit à moi qu’avant l’ouverture de la grande exposition de 1855, il était entré un peu en cachette dans la salle d’Ingres :