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L’ATELIER D’INGRES.

Ce fait de réserver pour la fin de l’Exposition les tableaux des maîtres reconnus, les ouvrages sur lesquels le directeur fondait le plus d’espoir de succès, va bien étonner les jeunes artistes de cette époque-ci, où la plus petite faveur de ce genre, accordée à un homme de talent, leur ferait jeter les hauts cris au nom de l’égalité. L’égalité ! et en fait d’art !

Cette faveur, si on veut l’appeler ainsi, existait pourtant, et au grand avantage de l’Exposition et du public. C’était un regain de curiosité et d’intérêt, c’était pour les artistes renommés une récompense de leurs travaux passés, un privilége peut-être, mais qui ne nuisait en rien à ceux qui débutaient.

C’est qu’alors il y avait des directeurs comme j’en demande, qui se souciaient peu de l’égalité, mais qui voulaient avant tout présenter au public une grande et belle exposition. Ils faisaient ce que font les commissaires ou directeurs du Théâtre-Français, qui prennent leur moment, leur saison, leurs meilleurs acteurs, pour représenter les pièces d’Émile Augier et des autres célébrités ; et personne n’a la pensée de se plaindre de cette inégalité.