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L’ATELIER D’INGRES.

sionné pour tout ce qui est grand et élevé. Dans les arts, ses doctrines, qui n’ont pas changé, étaient d’une rigidité inflexible, et ses admirations exclusives. Il avait vécu en Italie, étudiant les chefs–d’œuvre qui l’entouraient, et, sans savoir peut-être le métier, il avait toutes les inspirations d’un véritable artiste. Ne suffit–il pas enfin de dire que les Grecs, Raphaël, Gluck, Beethoven étaient ses dieux, pour indiquer en quelques mots la pureté de son goût[1] ?

Je témoignai à M. Varcollier le plaisir que j’avais à me trouver près de lui, et, après avoir causé quelques instants de choses indifférentes, il s’enquit avec bonté de mes projets d’avenir. Je lui avouai un peu timidement que j’avais la prétention d’être peintre. Il n’en fut pas surpris, car il avait pu juger déjà dans nos conversations du goût très-vif que j’avais pour la peinture et de l’intérêt que je prenais à l’entendre en parler.

Il me félicita chaudement, et me demanda chez quel professeur je comptais entrer. — Au nom de Gros, sa figure se rembrunit. — « Pourquoi Gros ? Il est vieux, ne s’occupe plus de ses élèves ;

  1. Madame Varcollier, une des femmes les plus distinguées que j’ai rencontrées, est aussi merveilleusement douée pour les arts. Élève d’Ingres, elle les cultive avec un véritable succès