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ENVOIS À L’EXPOSITION.

me dire leur camarade ; ce que j’ai toujours été, c’est leur ami et leur admirateur.

Hippolyte Flandrin se préparait à concourir, ainsi que Lavoine, un des élèves les mieux doués de l’atelier, mais qui cessa tout à coup de produire ou de bien faire, je ne saurais dire pourquoi. Son début à l’École avait été très-remarquable ; il n’obtint pourtant, à la grande colère de M. Ingres, que le second prix. Je ne veux pas voir dans cette injustice réelle la cause de son découragement ou de son abstention : ce serait croire à une faiblesse que son talent n’aurait pas pu faire soupçonner.

J’ai conservé peu de souvenirs, à cause de la rareté de mes visites à l’atelier, de l’époque où ces jeunes gens commencèrent leur brillante carrière. Je n’ai pu suivre leurs travaux que plus tard, mais alors comme tout le monde.

Je me souviens par exemple du talent tout particulier de Paul Flandrin à dessiner des charges très-spirituelles, ce qui ne l’a pas empêché plus tard de prendre à côté de son frère une place des plus honorables dans le genre du paysage de style, maintenu longtemps à une si grande hauteur par Édouard Bertin, Aligny, Desgoffes, et si peu cultivé aujourd’hui. Il avait couvert les murs de l’atelier des portraits de