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L’ATELIER D’INGRES

reaux du ministre pour faire imprimer son poëme ou jouer sa tragédie, la réponse qu’on lui fera sera bien simple : « Qu’est-ce qui vous a prié de faire une tragédie ou un poëme ? Adressez-vous à un directeur de théâtre ; si votre pièce est bonne, il la jouera ; si votre poème est beau, vous trouverez un libraire. »

« Le ministre ne pourra pas faire la même réponse à un peintre. Il le pourrait, s’il voulait ne pas se mêler de notre éducation, et ne pas faire pour nous seuls plus qu’il ne fait pour les autres.

« Pour arrêter ce mal, ou du moins pour enrayer cette décadence des arts dont la cause est, de l’aveu des artistes les plus honorables, dans le nombre toujours croissant d’artistes médiocres qui encombrent la voie et la ferment souvent aux hommes supérieurs, le gouvernement n’a qu’un moyen à sa disposition : renoncer absolument à l’entretien d’écoles des beaux-arts, sous quelques formes qu’elles se présentent.

« Qu’il nous laisse faire nos affaires avec des directeurs d’expositions (et il s’en présenterait bien vite), comme les auteurs dramatiques avec les directeurs de théâtres.

« Ces directeurs, qui pourraient être subventionnés comme ceux de quelques grandes scènes, auraient intérêt à présenter au public de belles