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frappante, tant par le goût des figures, que par la composition architecturale, qu’il est impossible de méconnaître qu’à peu d’années près, peut-être, ces deux monumens appartiennent à la même époque[1].

La fierte de Saint-Romain n’est point arrivée jusqu’à nous sans éprouver de graves mutilations, dont les réparations maladroites paraissent dater toutes à peu près du même tems. Les pinacles ou clochetons qui surmontaient les contreforts ont tous été brisés, et peut-être même, au-dessus et au centre du faîte de la châsse, s’élevait-il autrefois, comme dans celle de Saint-Taurin d’Evreux et beaucoup d’autres du même genre, un clocher pyramidal, dont la figure, pauvre et moderne, de saint Romain, occupe aujourd’hui la place.

Dans la seconde moitié du siècle dernier, cette châsse fut considérablement remaniée. M. l’abbé Carré de St.-Gervais, doyen du chapitre de la cathédrale, sollicitait depuis long-tems cette opération, jugée apparemment nécessaire, qui fut indéfiniment ajournée par l’effroi qu’inspira le devis de l’orfévre, qui cependant ne montait qu’à la somme de 600 liv. Sur le refus du chapitre, M. l’abbé Carré se chargea seul de cette dépense, mais en obtenant de ses confrères l’autorisation de consacrer le souvenir de sa libéralité, par l’apposition de ses armoiries sur la fierte même. Survint enfin la révolution de 1789, pendant une partie du cours de laquelle cette châsse, dédaignée, fut jetée à l’écart et loin de l’église, dans un abandon qui ne put que lui être extrêmement dommageable. Nous allons la décrire dans son état actuel, en faisant observer d’abord qu’elle se compose entièrement de cuivre doré monté sur un bâtis de bois.

Le corps de la châsse repose sur un plateau de trente pouces de long, sur quatorze de large, offrant sur ses bords un filet ou listel surmonté d’une cymaise décorée d’espèces

  1. V. l’Histoire de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, par dom Bouillard, planche 8, page 167.