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principaux styles que, d’un assez commun accord, on désigne aujourd’hui sous les noms de roman et de gothique.

On ne peut, quant à ce dernier genre, méconnaître que le règne de Saint-Louis fut sa plus brillante époque. Quelques habiles architectes de ce tems, surtout Eudes ou Pierre De Montreuil, qu’il suffirait de nommer seul, se signalèrent dans leurs œuvres, par une légèreté de masses, une élégance de formes, une pureté de lignes et une hardiesse d’exécution, qui recommanderont toujours ces grands artistes à l’admiration des générations les plus énorgueillies de leurs propres travaux.

S’il fut impossible au siècle suivant de mieux faire, il eut au moins la gloire de soutenir l’architecture à ce haut degré de splendeur ; mais l’honneur en est dû surtout au sage et pacifique Charles V, dont le règne fut celui de la prospérité des arts et notamment de l’orfévrerie. Sous ce dernier rapport, nous possédons probablement un témoignage de la vérité de notre assertion, dans la fierte de Saint-Romain, dont il est enfin tems de nous occuper.

Cette châsse, il est vrai, ne se recommande point à l’admiration des antiquaires, comme celle de Saint-Taurin d’Évreux, si parfaitement décrite par notre confrère M. Auguste Le Prevost, et comme plusieurs autres de la même importance, par de vastes dimensions et d’innombrables détails ; mais, en revanche, rien de plus pur dans ses formes, et de plus parfait dans ses reliefs, que cet élégant reliquaire.

Si la parité de talent et de bon goût qui signale les monumens des xiiie et xive siècles rend difficile d’assigner, par des analogies purement architecturales, la fabrication de notre monument plutôt à l’une qu’à l’autre de ces époques ; nous allons essayer de le faire, approximativement au moins, d’abord d’après l’examen des statuettes dont ce beau reliquaire est orné.

Par l’intelligence avec laquelle les draperies de ces personnages sont jetées ; par la coupe, les plans et les plis heureusement combinés de ces draperies, auxquelles on ne peut reprocher ni