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condamnaient également. On abusait de tout… Fallait-il tout détruire ? Lors de leur réception, les frères juraient, sur les évangiles, « de maintenir la confrairie bien et loyaument de tout leur pouvoir, de garder ses statuts et d’aider à mettre les mauvais au néant. » Comment des hommes qui avaient prêté ce serment pouvaient-ils aujourd’hui demander l’extinction de la confrérie, et cela en se fondant sur des abus qu’ils avaient juré d’aider à mettre au néant ? Que le parlement renouvelât, relativement à la confrérie de Saint-Romain, la défense des festins et autres frais extraordinaires, les confrères n’auraient plus à se plaindre de ce que la maîtrise était onéreuse ; et le chapitre n’aurait pas le désagrément de voir anéantir une société si ancienne, et qui contribuait à la décoration de ses solennités… L’exécution des anciens arrêts rétablirait le bon ordre, sans nuire à un établissement pieux qui subsistait depuis tant de siècles. Des repas de 1, 500 liv., des jetons de 200 liv. et autres dépenses superflues retranchées, le titre de maître de la confrérie ne serait plus à charge ; les fonctions n’en seraient plus onéreuses. La confrérie jouissant d’un revenu de 500 liv., le maître en charge n’était tenu que de donner du pain aux enfans de l’hôpital, les quatre jours des processions, ce qui coûtait 240 liv. au plus ; de donner l’hospitalité au prisonnier le jour de l’Ascension : était-ce là une dépense qui pût ruiner de riches négocians et occasionner plusieurs faillites, ainsi qu’on avait osé le dire ? L’hospitalité qu’ils étaient obligés de donner au prisonnier, le jour de sa délivrance, était une charge trop légère pour être mise en ligne de compte ; elle se réduisait à placer un convive de plus au souper du maître en charge, à le coucher, et à le gratifier d’un chapeau, le lendemain, lorsqu’on le présentait au chapitre pour y recevoir des avis salutaires sur la conduite qu’il devait tenir dans la suite. Cette dépense n’était assurément pas ruineuse, et quel négociant de Rouen pouvait en être effrayé ! Tous les frais nécessaires de la confrérie se bornaient à une dépense peu considérable ; en y joignant une aumône