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faire porter la gargouille de saint Romain, lors de la procession du prisonnier. Au mois de mai 1762, les maîtres ayant voulu faire des changemens considérables dans la confrérie, le chapitre chargea quelques uns de ses membres de conférer avec eux, et « de pourvoir à ce que tout se fît suivant l’usage. » Ces négociateurs agirent avec adresse, et surent si bien ménager les esprits, que, pour l’heure, les choses restèrent sur l’ancien pied ; la confrérie figura à la procession de l’Ascension, comme à l’ordinaire ; le lendemain, elle vint, avec son chapelain, présenter au chapitre le prisonnier délivré. Il en fut encore de même l’année suivante. Mais en 1764, au commencement d’avril, on sut que les confrères étaient résolus à ne point élire de maître en charge. Le chapitre en porta plainte au parlement, et obtint un arrêt qui ordonnait aux membres de la confrérie de remplir les formes usitées, lors des processions des Rogations et des cérémonies pour la délivrance d’un prisonnier. Mais c’était un bruit notoire dans la ville que les confrères de Saint-Romain refuseraient de loger le prisonnier. En effet, le jour de l’Ascension, on fit des instances auprès de M. Dupont, doyen des maîtres de la confrérie, et du sieur Duhamel, gérant des affaires de cette association, pour les déterminer à recevoir chez l’un d’eux le sieur D’Espinay de la Noë, gentilhomme délivré par le chapitre ; le clergé de Notre-Dame, et le chapelain de Saint-Romain présentèrent ce prisonnier à la confrérie, suivant l’usage ; mais ce fut en vain ; les confrères furent inébranlables dans leur refus, et n’eurent pas plus d’égard aux statuts de 1346, si formels sur ce point, qu’à deux arrêts du parlement, tout récens, qui avaient ordonné de remplir les formes usitées lors des processions des Rogations et cérémonies pour la délivrance du prisonnier au jour de l’Ascension, et ce aux dépens des revenus de la dite confrairie[1]. M. Grésil, chanoine,

  1. Un de ces arrêts est du 28 mai 1764.