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celle de la Poterne par exemple, pourquoi aurait-elle cessé de s’y célébrer après que Richard Ier. et Henri Ier. auraient eu construit la tour et le palais ou château du bord de la Seine ? Que la première prison aux portes de laquelle avait été célébrée, pour la première fois, l’auguste et touchante cérémonie de la levée de la fierte, eût été, dans la suite des tems, conservée ou détruite, son emplacement, dans ce dernier cas, étant le premier, le plus ancien témoin d’un usage saint, cher à la ville, à la province, pouvait-on ne pas le respecter toujours, ne pas le conserver à son ancienne destination ? Abandonner ce lieu, berceau du privilége, du droit royal si précieux à l’église de Rouen, était-ce une chose que pût faire le clergé, toujours si fidèle à ses anciens usages, le chapitre, si fier, à bon droit, de sa prérogative, unique au monde ?

Pour qui pesera les raisons que nous venons de déduire ; pour qui connaîtra le génie de l’église, et se fera une juste idée de l’attachement, bien naturel, du chapitre pour son privilége et pour tous les accessoires de ce privilége, il demeurera démontré que la cérémonie de la fierte a commencé à l’endroit que nous appelons aujourd’hui la Vieille-Tour ; que jamais elle n’exista ni ailleurs, ni avant ; que, conséquemment, elle ne remonte pas à une époque plus ancienne que la construction de la tour du palais des ducs de Normandie, élevé sur les bords de la Seine vers la fin du xe siècle ou au commencement du xie. Ainsi, il se trouvera qu’en voulant expliquer plus amplement une particularité de l’histoire du privilége de saint Romain, nous aurons en même tems fortifié, par de nouveaux argumens, ce que nous avions avancé dans notre Dissertation sur l’origine de ce privilége.