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APPENDICE.


POURQUOI, DE TEMS IMMÉMORIAL, LA CÉRÉMONIE DE LA LEVÉE DE LA FIERTE EUT-ELLE TOUJOURS LIEU A LA VIEILLE-TOUR ?


L’histoire n’a point dédaigné de mentionner diverses prisons de Rouen ; elle a même indiqué la situation de chacune d’elles. Dans le viie siècle, elle nous montre une prison existant vers le lieu appelé depuis la Poterne. Nous y voyons renfermer saint Philbert, victime des persécutions d’Ebroïn, et, disons-le, mal voulu de saint Ouen, évêque de Rouen[1]. Deux siècles plus tard, Rollon, devenu maître de Rouen, bâtit un palais et des prisons là où depuis fut le monastère des Cordeliers, monastère dont une rue de notre ville emprunta le nom qu’elle conserve encore aujourd’hui. Dans les premières années du XIIIe. siècle, Philippe-Auguste ayant reconquis la Normandie, et voulant prémunir la capitale de cette province contre les entreprises des Flamands, alors ennemis redoutables de la France, construisit le château, dont nous voyons encore aujourd’hui deux tours et d’autres vestiges entre la rue Morand et le boulevard Bouvreuil.

Mais dans l’intervalle de tems qui sépare ces deux édifices, un autre château, une autre prison avaient été construits. Vers la fin du xe siècle ou le commencement du xie, Richard Ier., duc de Normandie, avait bâti, sur les bords de la Seine,

  1. Gallia christiana, tome XI, col. 187.