Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la frapper. Si les faits se passèrent tels que les raconte le sieur De Bondilly, on ne peut guères expliquer autrement que par un dérangement total d’esprit, son crime étrange, sa conduite après le meurtre de sa femme, son incroyable confession, et enfin la grâce qui lui fut accordée de lever la fierte.

1685. La fierte est refusée à un gentilhomme qui avait tué un berger, qu’il regardait comme sorcier et qu’il accusait de donner des maladies à ses bestiaux.

On ne trouvera pas moins de bizarrerie dans le fait à raison duquel le sieur De Calmesnil, gentilhomme qui homme normand, sollicita la fierte en 1685, mais toutefois sans l’obtenir.

En octobre 1670, tous les chevaux de ce gentilhomme « se mouroient d’un mal inconnu qui leur venoit de prendre. » Il y avait, dans son village, un berger nommé Dorien, grand sorcier, empoisonneur de tout le pays. Le sieur De Calmesnil s’en prit à lui de la maladie de ses chevaux. Dès longtems, c’était une croyance profondément enracinée en Normandie et bien ailleurs, qu’un moyen infaillible et prompt de guérir les hommes ou les bêtes sur lesquels un mauvais sort avait été jeté, était de battre à outrance les sorciers, auteurs du mal ; et si, à force de les maltraiter on parvenait à les faire crier bien fort, ou à leur faire nier le fait par trois fois, ni plus, ni moins, alors la guérison était infaillible. Des lettres-patentes de 1407 et de 1445 nous montrent cette croyance en vigueur sous les règnes de Charles VI et de Charles VII, et semblent même