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empêcher que le dict chapitre nommât et presentât au parlement telle personne qu’il aviseroit (en la forme accoustumée) pour porter la fierte ; et ce, nonobstant tous prétendus arrêts qui pourroient avoir été rendus au contraire. » Le chapitre et le sieur De Cairon de Merville furent bien servis, car cet arrêt, rendu le mercredi 13 mai, était arrivé assez tôt à Rouen pour ne point retarder l’élection, qui eut lieu le lendemain jeudi 14, jour de l’Ascension, à l’heure accoutumée. Le sieur De Cairon fut élu avec le sieur Du Thon ; le parlement les délivra, et ils levèrent la fierte.

1667. La fierte est accordée à deux écoliers de Rouen.

En 1667, la fierte fut levée par Nicolas Le Noble et François Agasse, tous deux enfans de la ville, tous deux étudians au collége de Rouen, âgés, l’un de dix-huit ans, l’autre de dix-neuf, pour un meurtre commis l’année précédente. Le jeune Agasse de la Noë avait encouru la haine de cinq ou six étudians plus âgés et plus forts que lui, qui, lorsqu’ils le rencontraient, ne manquaient jamais de l’insulter, de l’outrager et de le battre. On les avait vus l’assiéger, pour ainsi dire, dans des maisons respectables où il s’était réfugié pour se soustraire à leurs mauvais traitemens. Ce jeune homme finit par ne plus marcher qu’avec un pistolet pour se défendre. Un jour, revenant de se baigner avec Nicolas Le Noble, son ami, il fut aperçu près de la porte du Crucifix, par ses persécuteurs, qui aussi-tôt coururent après lui.