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fallait persister à déclarer la femme Canu incapable de la grâce. Le parlement se trouva partagé « les uns et les autres demeurant fermes dans leur sentiment. » Ceux qui adhéraient à l’avis des gens du roi soutinrent que ce sentiment, le plus favorable à la prisonnière, devait prévaloir. Les autres dirent qu’il n’y avait point de partage, la chose ayant été décidée par arrêt. Après bien des débats, le parlement se retira fort tard, s’en tenant à sa première décision ; et la fierte ne fut point levée cette année-là. La conjoncture était pressante, car Françoise Canu allait accoucher prochainement, et on savait que l’intention de MM. de la Tournelle était de la faire exécuter aussi-tôt après son enfantement. Le chapitre porta plainte au conseil privé, qui, dès le 11 mai, c’est-à-dire cinq jours après l’Ascension, ordonna, par un arrêt, qu’il serait sursis à l’exécution de la condamnation de mort, prononcée contre la femme Canu, et que cette affaire serait renvoyée au grand-conseil. Le parlement de Rouen mettant beaucoup de lenteur à envoyer à Paris les pièces du procès, Françoise Canu, dans une requête au conseil, se plaignait d’être toujours flottante entre la vie et la mort ; elle demandait à être transférée à Paris, et que l’ordre fût donné au parlement de Rouen d’envoyer au conseil les pièces de son procès. Le conseil ordonna qu’elle serait amenée au For-l’Évêque, aux frais et caution du