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vilain ? quel était son crime ? c’était un texte inépuisable de colloques à voix basse, dont l’ensemble produisait un bruissement confus, solennel et doux. Le prisonnier marchait lentement, chargé du doux fardeau auquel il devoit son salut « dulce onus vincula solvens », comme le dit très-bien une des inscriptions du jeton gravé sur le titre de notre ouvrage. Lorsque c’était un gentilhomme, ses amis se tenaient près de lui, l’épée nue à la main, comme pour le protéger contre d’audacieux agresseurs[1]. On voyait encore auprès de lui, du moins anciennement, sept personnes qui marchaient la tête nue, tenant à la main une torche allumée ; c’étaient les prisonniers qui, les sept années précédentes, avaient levé la fierte. Ceux qui les avaient déjà vus aimaient à les reconnaître ; les autres se faisaient raconter les détails des crimes divers qui les avaient contraints à recourir précédemment au privilége de saint Romain. Jamais roi n’eut plus nombreuse escorte que celle qui, en cette circonstance, entourait le prisonnier[2].

  1. « Sola quae turbis animosa pubes
    » Se suo vovit comitem sodali,
    » Ensibus strictis per inane vulgus
        » Ardua fertur. »

    « Mos invaluit ut sons, si sit armiger, aut alicujus nominis, magno amicorum numero valletur. Omnes, stricto mucrone, adsunt aut sodalitatis exercendæ aut securitatis tutandae causâ. »

    (Poème déjà cité.)
  2. Un habitant de Rouen m’a dit que de jeunes filles, revêtues de