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dragons, voulurent cesser de les faire porter, alléguant « qu’ils n’étoient point en état d’être portés, vu leur vétusté » ; et, en 1752, l’absence des deux gargouilles fut remarquée aux processions des trois jours des Rogations, malgré l’ordre exprès intimé aux confréries, de les faire porter ; elles reparurent, le jour de l’Ascension, mais après des ordres réitérés du chapitre, qui, à cet effet, avait mandé plusieurs fois les membres des deux confréries ; ces derniers, qui avaient pris les deux gargouilles en déplaisance, jurèrent de les rendre si ridicules, que force serait au chapitre de renoncer à les faire paraître. De là les énormes aloses dans la gueule d’un des deux serpens ; de là, les jeunes renards, les lapins et les petits cochons de lait dans la gueule de l’autre ; de là, enfin, la dernière scène un peu trop bouffonne que nous avons indiquée ; imaginez son succès sur le peuple ; imaginez, s’il est possible, les trépignemens de la multitude à ce spectacle burlesque, et ses cris d’admiration et son fou rire ! Le chapitre de Notre-Dame, s’apercevant combien cette parade compromettait la solennité de la cérémonie du prisonnier, se résolut enfin à faire disparaître les deux serpens ; et, l’année suivante, les curieux qui aimaient les scènes du genre de celle que nous venons de décrire, ne virent plus de gargouilles, et s’en allèrent bien désappointés.