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« le parlement, la chambre des comptes, la cour des Aides, le bailliage, l’hôtel-de-ville, et autres compagnies, corps et communautés de la ville, assistoient toujours à cette procession[1]. »

A un assez long intervalle, par respect pour le prélat et pour les personnes de distinction qui le suivaient, on avait vu long-tems marcher un bedeau vêtu d’une robe violette, portant au bout d’un bâton la figure en osier d’un dragon ailé que le peuple regardait comme une représentation de celui qu’avait anéanti saint Romain, ou comme la dépouille même de ce dragon. La confrérie des gargouillards, qui l’environnait, avait l’ordre de se tenir à une assez grande distance de l’archevêque, non sans sujet ; car, aussi-tôt que le bas peuple apercevait ce dragon, il éclatait en cris de joie, en exclamations bruyantes, à n’entendre point Dieu tonner. Comme si ce n’eût pas été assez que de produire en public cette grotesque image, pour exciter l’hilarité générale, les gargouillards ne manquaient guère de lui mettre dans la gueule, tantôt un jeune renard, tantôt un lapin, tantôt un petit cochon de lait vivant, dont les cris glapissans divertissaient infiniment le peuple ; car ce second dragon ne se serait pas contenté de poisson, comme son confrère qui le précédait ; il était

  1. Serpillon, Commentaire sur l’ordonnance de 1670, page 763.