Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

alors, le prisonnier se contentait de réciter à genoux le Confiteor. Cependant, le célébrant, lui mettant la main sur la tête, et récitant les prières Misereatur et Indulgentiam, lui faisait mettre les épaules sous les deux bras de devant du brancard de la châsse. Le prisonnier, se levant trois fois, haussait chaque fois légèrement, et avec respect, la châsse, en signe d’absolution. « Et, en signe de sa délivrance, luy est baillé à soustenir et porter le bout de devant de la dictefierte, jusquez à l’église Nostre-Dame[1]. » C’était un signal pour le peuple « estant à l’entour, sans nombre », qui, plein d’enthousiasme, de joie et d’attendrissement, faisait aussi-tôt retentir la place du cri : Noël ! Noël ! Noël ! « qui vaut autant (assure un vieil auteur) que si on disoit : Dieu soit avec nous ; car NOË EL est interprété requies domini, repos de Dieu[2]. » Ce cri de joie, autrefois usité par toute la France, lors des réjouissances publiques, s’était fidèlement conservé à Rouen, où il existait encore dans les derniers tems[3] ; mais alors on y

  1. Enquête de 1394.
  2. Taillepied, Antiquitéz et singularitéz de la ville de Rouen, pag. 83. — Les Antiquités et recherches des villes, chasteaux et places plus remarquables de toute la France ; par Duchesne, 6e. édition, pag. 966.
  3. « Prisionarium per pedes ferratum duxerunt in antiquà turri ubi gaudenter populo clamante : Nouel, Nouel, idem, feretrum beati Romani cum altero fratrum confratrie sancti Romani levavit et