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Mais M. De Saint-Anthot, premier président, regardant ces gentilshommes d’un air sévère, leur dit : « Vous avez faict acte contraire à la nature des gentilshommes, oui doibvent estre naturellement vertueux et ne faire ny souffrir estre faict tort, mal, ny injures à aulcuns. Toutes foys, vous estes assemblez, et, de guet apensé, ayant achepté halebardes et bastons invasifs, avez meurdry et occis celuy qui estoit en une foire, qui ne vous demandoit rien ; AVEZ TUÉ LA CRÉATURE DE DIEU, QUE VOUS NE SÇAURIEZ FAIRE RESSUSCITER, faict sa femme veufve et ses enfants orphelins ; et luy, perdre le corps, et, à l’adventure (peut-être) l’ame ; dont le sang crie vengeance à Dieu. Ayez à vous bien conduire et à vivre en gens de bien, à l’advenir ; et saichez bien que VOUS ESTES ESCRIPTZ AU LIVRE ROUGE[1], et que, au premier meffaict que vous commettrez, vous serez puniz ainsy qu’il appartiendra, et sans espoir de grâce ny mercy. »

En 1706, M. Camus de Pontcarré, premier président, dit à Robert Le Gendre : « Vous devez vous occuper, le reste de vos jours, du soin d’apaiser la colère de Dieu, ne pouvant échapper à sa justice, à

  1. Le Livre rouge était un registre secret de la Tournelle, où étaient les édits des rois en matière criminelle, et les arrêts les plus notables rendus par le parlement, aussi en matière criminelle. Ce registre existe encore dans les archives de la cour royale de Rouen.