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festinants. Mais les conseillers étaient-ils seuls soumis à cette corvée, et les gens du roi ne devaient-ils pas la subir à leur tour ? On se le demanda en 1602. Cette année-là, il n’y avait aucun conseiller de la grand’chambre qui n’eût, à son tour, offert le festin annuel de l’Ascension. Quelqu’un ayant ouvert l’avis que les gens du roi ne devaient pas en être exempts, on pria ces messieurs de s’en occuper, mais ils s’en excusèrent, n’y étant pas, disaient-ils, obligés. La cour admit leurs excuses comme raisonnables, « veu qu’ils n’estoient pas véritablement du corps de la grand’chambre. » Il fut donc convenu que le receveur des amendes en ferait les frais, mais on enjoignit aux gens du roi d’y avoir l’œil, et de prendre garde que les deniers du roi fussent bien dispensés. « Y avoir l’œil ? (répondit l’avocat-général Thomas) nous n’en ferons rien, et demandons arrest qui nous en dispense ; ce n’est voirementnostre charge, et nous ne sommes cuisiniers pour sçavoir si le recepveur aura bien faict ou non. » « Entendez-vous (lui dit le président) persister aux termes que vous venez d’employer ? » « Depuis vingt-cinq ans que je suis en charge (reprit l’avocat-général Thomas), je n’ai jamais veu que l’on ayt condamné les gens du Roy à faire le festin de l’Ascension. Au reste, il ne fault pas prendre les mots aux cheveulx, et nous sçavons le respect que nous debvons à la court. » La chose en demeura là,