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voisine ; là, debout, décider tout d’une voix que « le chapitre avoit fait son élection et n’entendoit point procéder à une autre », expédier le chapelain avec cette réponse, puis se remettre à table et reprendre l’œuvre où on l’avait laissée : tout cela fut l’affaire d’un instant. Cependant l’abbé Terrisse, qui se voyait compromis avec le premier président, était sur les épines et non sans cause ; il ne fallut pas plus de tems au parlement pour enregistrer le nouveau cartel du chapitre et lever la séance, que le chapitre n’en avait mis à rédiger le cartel et à se rasseoir. Les chanoines en étaient à la fin du dessert, et le semainier attendait à la porte, tout prêt à entrer pour dire les grâces, lorsque voilà venir M. De Miromesnil, accompagné des trois conseillers invités avec lui. Les quatre magistrats stupéfaits, croyant rêver et se frottant les yeux ; l’abbé Terrisse, rouge, confus, balbutiant et ne sachant que dire ; les chanoines tout honteux n’osant lever les yeux de cette table, maintenant un peu en désordre, qui témoignait de leur appétit impatient et de leur empressement impoli ; c’est là une scène plus facile à imaginer qu’à peindre. Mais, dans les idées de l’époque, il n’y avait pas moyen que des magistrats prissent la chose du côté plaisant. Le premier président et les trois conseillers offensés témoignèrent leur surprise et leur mécontentement du peu de procédés du chapitre pour eux, et sortirent gravement, laissant les