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autres chanoines avaient persisté dans leur premier vote[1].

Avec des avantages, ce mode offrait encore des inconvéniens. Dans le secret absolu où restaient leurs votes, les chanoines ne craignaient plus de donner leurs suffrages à de grands criminels qu’ils n’eussent pas osé élire de vive voix. En 1663, le chapitre avait élu Jean De Bouton, sieur de Chantemesle, que le parlement refusa comme indigne. L’année suivante, lorsque les chanoines députés allèrent au parlement insinuer le privilége, M. Maignard de Hauville, premier avocat-général, se plaignit de l’élection par la voie du scrutin secret. « Depuis quelques années, dit-il, le chapitre a esleu personnes incapables et hors l’estendue du privilége, comme personnes accusées de guets-à-pens, femmes qui avoient faict périr des enfantz, et autres crimes semblables, les quelz ont obligé la cour de ne pas enthériner leur grâce. Et, par ce moyen, le chapitre a esté cause que l’esglise et le concours du peuple ont esté privés de ceste resjouissance publique ; il ne faut trouver autre cause de ce désordre que le changement du mode d’opiner du chapitre, qui est la voye du scrutin, très-dangereuse, qui donne lieu à tous ces désordres, qui favorise les guets-à-pens et crimes

  1. Reg. capit. de Rouen, 20 aout 1661.