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du Houx leur demanda ce qu’ils voulaient. On l’invita à montrer l’ordre du roi, en lui déclarant que, malgré les désordres commis par lui et les siens, on les logerait, s’ils étaient en règle. À ce mot, le capitaine La Fontaine du Houx se mit en fureur. Il dit, eu jurant et blasphémant : Mon ordre est au bout de mon épée, et je vous marcherai sur le ventre à tous. Joignant les effets aux menaces, il sauta à bas de son cheval, l’épée à la main, criant à ses soldats : tue ! tue ! Ils n’obéirent que trop fidélement, et se ruèrent, l’épée à la main, sur les habitans. Un combat déplorable s’engagea... quelques villageois périrent ; mais plusieurs soldats restèrent aussi sur la place... L’imprudent capitaine La Fontaine du Houx fut tué ; ceux des soldats qui n’avaient pas succombé furent chassés du village. Mais les malheureux habitans du Tronquay devaient payer cher ce lamentable succès qu’ils n’avaient point cherché. Le chevalier de Fours, père du capitaine La Fontaine du Houx, avait du crédit et du pouvoir. Il était gouverneur d’Honfleur et de Pont-l’Evêque, capitaine de cinquante hommes d’armes, gentilhomme de la chambre du roi ; c’était un adversaire bien redoutable pour de pauvres villageois sans appui. Que son fils eût eu, ou non, des torts, ce gentilhomme désolé ne prit conseil que de sa douleur de père, et cria vengeance contre les habitans du Tronquay, meurtriers de son fils.

Le roi attribua au conseil privé la connaissance