Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cependant Mainot, caché à Paris, fut averti, le mercredi des Rogations seulement, que l’on postulait vivement pour lui le privilége, que Lacroix son domestique s’était constitué prisonnier, qu’ils avaient l’un et l’autre les plus grandes chances de succès, mais qu’il devait se rendre à Rouen, en toute hâte. Il partit en poste, voyagea toute la nuit, et arriva à Rouen, le jeudi, jour de l’Ascension, au matin. Il n’avait garde d’aller se constituer prisonnier à la conciergerie de la cour des Aides ; il se fit écrouer dans les prisons de la cour ecclésiastique. Immédiatement, les députés du chapitre vinrent l’interroger. Lui et Lacroix furent élus, à l’unanimité, par le chapitre, et délivrés par le parlement ; ils levèrent la fierte. M. De Belbeuf, procureur-général, qui porta la parole au parlement, lors de la délibération du cartel, ne manqua pas de faire allusion à la prétention qu’avait élevée la cour des Aides. Promenant ses regards dans cette belle salle dorée, si pompeusement décorée, si magnifique alors, où le parlement était en séance, pressé de tous côtés par un public nombreux et choisi : « Sanctuaire auguste des lois, s’écria-t-il, vous, où, privativement à toutes les autres cours et justices royales, tant d’hommes, honteux de la violence de leurs passions et tremblants, se sont prosternés aux pieds des magistrats, vous pouvez compter par siècles les dates de cette