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tué, le prenant, disait-il, pour un voleur, était un nommé Pierre Rocque, brigadier dans les fermes, employé au poste du Val-de-la-Haie. Nul doute que ce brigadier, qui avait entendu Mainot appeler son bateau, ne fût venu là le voir débarquer, et épier si, à la faveur de l’obscurité de la nuit, il ne passait point quelque marchandise en fraude. Mainot alla, le lendemain, à Rouen, comme s’il ne se fût passé rien la nuit ; et ce fut à Rouen (dit-il) qu’il apprit que c’était à des commis des fermes qu’il avait eu affaire, et que Pierre Rocque, brigadier, avait été tué. Averti que la juridiction du grenier à sel de Rouen instruisait contre lui et contre Tiennot-Lacroix, il s’enfuit en Angleterre, d’où il revint bientôt en France, et vécut caché à Paris, où il fit solliciter sa grâce du roi, sans pouvoir l’obtenir. Mais des protecteurs puissans veillaient pour lui ; on avait intéressé en sa faveur la princesse douairière de Lamballe, qui disposa le chapitre et le parlement à lui accorder le privilége de la fierte. Sur cet espoir, Tiehnot-Lacroix, son complice, alla se constituer volontairement prisonnier, et c’était un bruit commun dans la ville que Mainot et Lacroix seraient élus par le chapitre. Mais la cour des Aides crut avoir enfin trouvé l’occasion, si impatiemment attendue, d’exercer le droit, dès long-tems envié par elle, de délibérer elle-même sur l’élection des prisonniers accusés de crimes de