Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’un d’eux l’ayant heurté, le renversa par terre, parce qu’ayant des bottes fortes et se trouvant sur une chaussée de cailloux, il n’était pas ferme sur ses jambes. Il avait sur lui environ huit cents francs ; interdit, et croyant, à ce qu’il dit depuis, que c’étaient des voleurs, il appella au secours. À ces cris, Tiennot-Lacroix craignit pour son maître. Tout récemment, par les soins de Mainot, on était parvenu à arrêter un brigand, la terreur du pays, qui venait d’être rompu vif à Rouen. Par là, Mainot s’était attiré la haine de quelques mauvais sujets de l’endroit. Tiennot, croyant ou feignant de croire que c’étaient ces gens-là qui attaquaient son maître, courut à son secours, le trouva renversé par terre, et, voyant confusément deux hommes penchés sur lui, se persuada que c’étaient des malfaiteurs qui voulaient le dépouiller et le tuer. Il asséna un coup de bâton sur la tête d’un de ces deux hommes, sans le connaître. L’individu ainsi frappé tomba mort à l’instant. L’horreur du meurtre qu’il venait de commettre, quelques propos que tint le camarade de l’homicidé, les efforts qu’il faisait pour se saisir de lui, tout cela effraya Tiennot-Lacroix, ou l’éclaira sur ce qu’il venait de faire. Il s’enfuit à travers les bois de Biessard et de Sahurs, et se rendit à la Bouille, puis alla se réfugier dans une abbaye d’où il ne sortit que pour venir solliciter le privilége de saint Romain. Cet homme qu’il avait