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conscience du chapitre ne lui permit pas de se prêter à cette interpolation ; et en cela il faut louer sa réserve et sa sincérité. Il avait cru pouvoir, en 1512, fortifier sa possession, presque immémoriale, par une légende fabuleuse répandue depuis deux siècles, et il était parvenu à faire consigner, dans un édit royal, cette légende du dragon, qui apparemment lui inspirait peu de confiance ; mais, sans doute, il eût craint de profaner des livres de prières en laissant s’y glisser des récits mensongers, ou, en tout cas, douteux. Et qu’on ne suppose pas que les mots serpentes tollent, qui se trouvent dans l’évangile que l’on chantait à Rouen le jour de l’Ascension, l’eussent fait choisir pour ce jour là, comme renfermant une allusion au miracle de saint Romain. Le même évangile était chanté, le jour de l’Ascension, dans d’autres diocèses, à Paris en particulier. Il fait partie de la série des récits où sont racontées les diverses apparitions de Jésus-Christ après sa résurrection ; dès-lors, il vient à sa place dans une fête qui suit de près celle de Pâques.

Nous le répétons, pas un mot dans les rituels et dans les bréviaires ne se rapporte au miracle, et ce silence est un argument de plus à joindre à ceux qui en démontrent la fausseté.

Toutefois, on crut long-tems le miracle de la gargouille. Cette légende frappait l’imagination ;