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comte de Blois, soit pendant l’administration de Geoffroi-Plantagenet, mais en tout cas peu de tems après la mort de Henri Ier. (arrivée en 1135), il n’y avait pas un demi-siècle que la fête solennelle de la translation de saint Romain, fondée par Guillaume-Bonne-Ame, était annuellement célébrée. Cette translation publique du corps du saint, cette procession, cette station solennelle à son tombeau, ces prédications, ces pardons accordés aux fidèles accourus de toutes parts à la fête, étaient un événement pour la Normandie, pour la ville de Rouen, surtout dans un tems où la religion tenait tant de place dans les esprits. Saint Romain était déjà célèbre dans les fastes de l’église de Rouen ; ces nouveaux et éclatans honneurs renouvelèrent sa gloire et le souvenir de ses actions. Ils appelèrent sur lui, plus que jamais, les regards et les hommages des habitans de la Neustrie. Saint Romain avait lutté avec succès contre le paganisme affaibli, et était parvenu à l’anéantir entièrement dans son diocèse. Si, comme saint Nicaise, l’un de ses saints prédécesseurs, il n’avait pas scellé de son sang la foi nouvelle, du moins avait-il eu la gloire de la propager, de la faire embrasser à ce qu’il restait encore de païens, et de porter les derniers coups à l’idolâtrie. Il avait renversé plusieurs temples dédiés aux faux dieux, brisé les autels, et réduit en poudre les idoles ; en un mot, il avait, pour parler