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par la loi de Moïse ; 3°. le tems de grâce après Jésus-Christ. Dans les deux premières époques, le démon avait régné en maître. Aussi les lundi et mardi des Rogations étant destinés à représenter ces deux époques, à Rouen, le dragon était, ces jours-là, porté devant la croix, la queue dressée : il triomphait ; et c’était, sans doute, ces deux jours-là que l’on voyait du feu dans la gueule du dragon de Fleury. Le mercredi troisième jour des Rogations représente le tems de grâce, l’époque évangélique où Jésus-Christ est vainqueur et le démon terrassé. Aussi, ce jour — là et le jour de l’Ascension, le dragon marchait-il derrière la croix, la queue basse et l’air humilié[1].

Qu’après cela, on se fût imaginé, à Rouen, de placer l’un de ces dragons sous les pieds de saint Romain, et l’autre sous ceux de la sainte Vierge ; ces variantes ne changeaient rien à la signification des deux figures. Quoi de plus biblique, en effet, que l’emblème de la Vierge écrasant la tête du serpent[2] ? Et pour saint Romain, dernier destructeur de l’idolâtrie dans le diocèse de Rouen, il pouvait, à ce seul titre, être représenté ayant sous les pieds un dragon. Quant au nom de gargouille, donné par le peuple à un de ces dragons, ou peut-

  1. Durand, Ration. Offic. div.
  2. « Ipsa conteret caput tuum. » Genèse, chap. 3, vers. 15.