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premier exemple de l’habileté avec laquelle les corporations religieuses ou civiles surent quelquefois, à l’aide d’une simple tolérance, s’acquérir une possession qui, dans la suite, devenait bien difficile à contester.

En un mot, la fête de l’Ascension, célébrée par la délivrance d’un prisonnier ; cette fête, rendue sensible par une représentation matérielle, voilà, selon nous, l’origine du privilège de la fierte. Si cette délivrance eût été, dans le principe, instituée en l’honneur de saint Romain, il est hors de doute qu’elle aurait eu lieu le 23 octobre, jour où l’église de Rouen célébrait solennellement la fête de la translation du saint, fixée audit jour par Guillaume-Bonne-Ame, à la fin du xie siècle, c’est-à-dire cinquante ans environ avant l’époque où, pour la première fois, il est question de cet usage de délivrer un prisonnier. Et, pour en venir aux particularités, ces deux mannequins d’osier, en forme de dragons, que l’on portait, autrefois, à Rouen, aux processions des Rogations[1], qu’étaient-ils autre chose que des emblèmes destinés à figurer, à leur manière, le mystère du jour ? Le peuple ne manquait pas d’y voir des images de la gargouille, terrassée naguère par saint Romain, ou, qui sait ? la dépouille

  1. Histoire de la cathédrale de Rouen, par dom Pommeraye, pages 624 et 625 ; Normandie chrestienne, par Farin, pages 521 et 522.