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paroles prophétiques par lesquelles David, inspiré d’en haut, avait annoncé l’Ascension du fils de Dieu et la délivrance des captifs. Dans la fête de l’Ascension, était célébré le triomphe de la loi nouvelle, de la loi de grâce ; le mystère de l’homme délivré du joug du péché et marchant dans les voies nouvelles. Quoi de plus propre à rendre sensibles ces idées religieuses, que la délivrance effective d’un prisonnier arraché, en ce jour de grâce, à l’horreur du cachot et à la mort ? Dans des siècles où la religion avait tant d’empire, et où il restait peut-être encore des traces de l’usage certainement en vigueur à une époque antérieure, de rendre des prisonniers à la liberté, lors des grandes solennités, les chanoines de Rouen pouvaient bien demander au prince, et ce dernier leur accorder, le jour de l’Ascension, un prisonnier qui, ainsi, devait la vie et la liberté à la fête, et qui, de plus, y figurait pour rendre sensible au peuple le mystère que cette fête était destinée à rappeler. Ce prisonnier, demandé humblement par le chapitre, les premières fois, et toujours accordé sans difficulté par les ducs ou par leurs officiers, les chanoines se seront accoutumés à le réclamer chaque année ; peu à peu, par la continuité d’un usage non interrompu, ils l’auront demandé comme leur étant dû ; il leur aura toujours été délivré, et insensiblement une grâce sera devenue un droit. Ce n’est pas le