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Parlons, maintenant, des deux titres les plus anciens où il soit expressément question du privilége ; et examinons si, combinés avec le témoignage d’Orderic Vital, ils ne nous donneront pas des lumières sur l’époque où a pu commencer l’usage de la délivrance annuelle d’un prisonnier, ainsi que sur les autres questions qui se rattachent à cet objet.

En 1210, à la fête de l’Ascension, le gouverneur du château de Rouen fit difficulté de délivrer au chapitre le chevalier Richard, abbé (c’est-à-dire, ici, avoué, protecteur militaire) de l’abbaye de Saint-Médard de Soissons, prisonnier élu pour la cérémonie de ce jour. Ce refus n’avait rien de relatif à la personne du prisonnier élu. C’était, de la part de cet officier préposé par un gouvernement encore nouveau en Normandie, une méconnaissance du droit du chapitre, ou, du moins, un scrupule sur ce privilége, qui lui paraissait un empiétement sur les prérogatives de son souverain.

Le chapitre s’étant plaint aussi-tôt au roi Philippe-Auguste, le monarque donna commission à Robert, archevêque de Rouen, et à Guillaume-de-la-Chapelle, châtelain d’Arques, d’informer sur ce conflit, et pouvoir de mettre en liberté le prisonnier, si le résultat de l’enquête était favorable à la prétention des chanoines de Rouen. Une telle condescendance, de la part d’un roi si éclairé,