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bénédictions que donnait l’archevêque Guillaume-Bonne-Ame, ils s’y rendirent en foule[1]. » Tel est le passage d’Orderic Vital que nous avons annoncé ; et je ne voudrais pas autre chose que ce fragment, pour prouver que, dans les premières années du xiie siècle, tems où écrivait Orderic Vital, on ne connaissait point le miracle de la gargouille, et que l’usage de délivrer tous les ans un prisonnier n’existait pas encore. Cet auteur était normand, et moine à Saint-Évroult, en Normandie ; il aimait à raconter en détail les faits qui intéressaient la province, ceux, surtout, qui se rapportaient à l’église ; et certes il n’aurait pu parler plus au long de l’institution de la fête de saint Romain, ni décrire avec plus de complaisance les honneurs décernés au saint pontife par un des prélats ses successeurs sur le siége de Rouen. Or, je le demande, si la cérémonie du prisonnier eût existé alors, était-il possible qu’il ne saisît pas cette occasion de parler du privilége de la fierte, de ce privilége, le plus grand, assurément, et le plus

  1. S’il faut en croire Farin, l’église de Saint-Godard étant trop petite pour contenir cette multitude innombrable, on fit la prédication au milieu d’un vaste champ qui occupait tout l’espace, vide alors, existant entre l’église et le bas de la montagne. Ce champ fut, dès-lors, appelé le Champ-du-Pardon, à cause des indulgences ou pardons qui y furent accordés aux fidèles. Guillaume-le-Conquérant, voulant conserver le souvenir de cette fête à laquelle il avait assisté, institua la foire de Saint-Romain ou du Pardon, pour être tenue, chaque année, le même jour et au même lieu. {Farin, tome 1er., page 65, édition de 1668.)