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Bérard, qui, voyant cela, l’étendit mort à ses pieds. Aussi-tôt les meurtriers s’enfuirent, on instruisit contre eux. Des indices graves donnèrent lieu de penser que cette tragédie était le résultat d’un complot honteux, ourdi entre Marguerite De Bérard, sa mère et ses frères, pour contraindre le sieur D’Ormois à un mariage auquel il répugnait invinciblement. Le trop célèbre Laubardemont, envoyé en Touraine pour faire le procès aux coupables, les condamna par contumace, les uns à être rompus vifs, les autres à avoir la tête tranchée. Enfin, en 1641, les sieurs De Bérard vinrent à Rouen solliciter la fierte. Bouthillier-Chavigny, secrétaire d’état aux affaires étrangères, proche parent des Bérard, écrivit à François De Harlai, premier du nom, archevêque de Rouen, et au chapitre, en leur faveur. « Il seroit difficile à ces gentilshommes (écrivait-il) de se mettre en seûreté par autre voie que la fierte. » Et comme le chapitre l’avait invité à recourir plutôt à la grâce du roi, ce ministre répondit : « Si le crime dont les sieurs de la Grillonnière sont accusés eust permis d’implorer la grâce du prince, j’oze vous dire que le Roy m’eust peut estre faict l’honneur de me l’accorder pour eux. Ce sont gentilshommes de condition, qui sont tombés dans ce crime par un malheur extrême. Il y a quatre ans qu’ils en font pénitence, et ils espèrent, dans le repentir et très-grand déplaisir qu’ils ont de leur