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qu’il l’avait espéré. Apparemment on était fatigué, à la chancellerie, de n’entendre plus parler que de la gargouille ; et, sous couleur de quelques lignes du nouvel écrit, un peu trop vives contre l’historien De Thou, on avait fait difficulté de permettre l’impression de ce nouveau factum, qui, peut-être, allait encore en provoquer d’autres. A la fin, pourtant, on lui donna le privilége si impatiemment désiré. Mais le bon abbé avait sur le cœur le tems qu’on lui avait fait perdre. « Ce retard, écrivit-il au chapitre, en lui envoyant un paquet d’exemplaires, a esté causé par une période que j’ay coulèe en mon Apologie, et qui touche monsieur De Thou. Si j’eusse escript contre sainct Romain, il ne m’y eust point fallu faire si longtemps la court. Mais in magistratu graviùs dicere perniciosum est[1]. » Ainsi finit cette longue polémique, où, selon Mornac, « on combattit, d’un côté pour la vanité, et de l’autre pour la vérité[2] ; » polémique dans laquelle, de part et d’autre, on montra peu de critique, mais beaucoup d’érudition, et au moins autant d’emportement et de colère. « Grande pitié, certes (s’écrie Pasquier), que, du miracle faict contre la gargouille, soit issue une nouvelle gargouille, je

  1. Il faut bien se garder de mal parler des magistrats.
  2. Mornac, ad Legem 4, Digest., de Officio Proconsulis, tome 1°., col. 96 de l’édition de 1721.